Villa Ravensbosch ou Villa Vogelenzang
Beekstraat, Valkenburg
Les vestiges de la villa de Ravensbosch sont remarquablement bien conservés. Située au pied d’un versant, la villa fut recouverte par la terre qui glissa après l’époque romaine. Le Rijksmuseum van Oudheden, en collaboration avec le LGOG, a fouillé la villa romaine de Ravensbosch entre 1922 et 1923. On y a découvert à la fois le bâtiment principal monumental et un bâtiment annexe rectangulaire. Il n’est toutefois pas exclu que d’autres constructions aient appartenu à la villa. Sont-elles encore enfouies dans le sol ? Après les fouilles, les vestiges restèrent longtemps exposés, ce qui entraîna leur dégradation. Heureusement, il y a quelques années, ils ont été partiellement recouverts afin d’assurer une meilleure protection.
Le bâtiment principal de la villa fut probablement édifié en plusieurs phases. Dans sa dernière phase, il atteignit sa plus grande extension, comprenant une salle luxueuse avec chauffage par le sol ainsi qu’un établissement de bains. Malgré ce confort, la villa de Ravensbosch n’était certainement pas le plus imposant complexe de villas du Limbourg. On y a toutefois trouvé des objets remarquables, tels que des fragments de trois petites plaques de bronze portant des inscriptions romaines. Il s’agissait de « plaques d’amitié », offertes à Marcus Vitalinius et à Titus Tertinius Cornutus, deux habitants de la villa. Tous deux étaient membres du conseil municipal de Xanten et appartenaient à la plus haute élite de la cité et de la province romaine.
En 1939, les célèbres archéologues amateurs limbourgeois Beckers et Beckers ont découvert des vestiges de la route romaine près de la Putweg, au Ravensbosch — la Via Belgica ! À cet endroit, une dizaine de villas romaines avec dépendances ont également été mises au jour : un véritable vicus, c’est-à-dire un village romain. Grâce au sol fertile de loess, la région se prêtait idéalement à l’agriculture.
Bon à savoir
- Pourquoi des « hauts dignitaires » vivaient-ils dans la modeste villa de Ravensbosch ?
- Il est remarquable que ces « hauts dignitaires » aient vécu dans la villa de Ravensbosch, relativement modeste. On les aurait plutôt attendus dans une villa plus grande et plus luxueuse. Il y a un second élément frappant concernant la villa de Ravensbosch : son emplacement. La plupart des villas du pays de collines se trouvent à mi-pente, orientées vers le sud afin de bénéficier d’un ensoleillement maximal. La villa de Ravensbosch, elle, est située au bas d’une pente et orientée vers le nord-ouest. Elle devait donc souvent se trouver dans l’ombre. Pourquoi, dès lors, les riches propriétaires ont-ils choisi de s’y installer ? La carte du relief montre que la villa de Ravensbosch (A) se trouve dans l’une des parties les plus étroites de la vallée de la Strabeek. Bien que ce ne soit qu’un petit ruisseau, un barrage aurait pu y créer facilement un grand réservoir d’eau, comme on peut encore l’observer plus en amont aujourd’hui. Sur la carte, un reste possible d’un tel barrage est visible (B), à l’endroit où le chemin mène actuellement à la route. L’eau du réservoir aurait pu être utilisée pour actionner un moulin à eau afin de moudre le grain des villas environnantes. Le « rijn » ou molenijzer (agrafe de fer d’une grande meule) découvert dans la villa de Ravensbosch indique justement la présence d’un moulin. L’emplacement de la villa de Ravensbosch n’était donc pas si mal choisi ! Il était sans doute aussi plus efficace de transporter de la farine plutôt que du grain : elle prenait moins de place et pesait moins lourd. En revanche, la farine devait être consommée rapidement car elle se conservait moins longtemps que les grains. Il est donc probable qu’elle ait été acheminée vers les villes plus importantes de la région — peut-être même jusqu’à Xanten. Cela pourrait expliquer pourquoi des magistrats de cette cité étaient propriétaires de la villa : ils avaient un intérêt direct à assurer l’approvisionnement alimentaire de leur propre communauté.
- Droits d’utilisation des images
- Reconstitution de la villa de Ravensbosch – Remy Kooi Submedia, Plaques d’amitié en bronze – Image d’après Derks 2011, 120–123 ; figures 5–8. Reproduit avec l’autorisation de Ton Derks et de la commune de Maastricht. Carte en relief – Jasper de Bruin, Agrafe de meule (molenijzer) – Centre Céramique – Maastricht Museum – collection LGOG